Notre histoire
Une famille qui va si bien avec Orbe…
Avril 2017, la famille Calvetti – Patrick et Mirian, les parents, et Leudy, le fils aîné – reprend La Croix d’Or. Avril 2018, premier bilan : La Croix d’Or ne désemplit pas.
Et si cette famille ne s’était tout simplement pas trompée de métier ? Et si cette famille savait d’instinct, depuis des générations, où aller ? Examinons ces hypothèses, en commençant par la seconde.
Depuis l’époque romaine, Orbe – Urba, Orba, vicus Urbensis, villa Orbacum, Urbigenum – est un point stratégique : au pied du Col de Jougne, la localité se situe au croisement des grandes voies de communication reliant le Jura et les Alpes, le Rhin et le Rhône.
Calvetti est un patronyme de Cedegolo, village alpin du Val Camonica, en Lombardie. Domenico Calvetti quitte son village à la fin du 19ème siècle, il est jeune et cherche du travail. Il a entendu dire qu’on embauche dans le nord, un grand chantier, un certain tunnel du St-Gothard. Le voilà en Suisse. Il épouse une Walker de Silenen.
Vers l’âge de vingt ans, Andreas, un des cinq enfants de Domenico et Heinrika, rencontre une Messmer d’Otterswillwer, dans le Bas-Rhin. Odile a la cuisine dans le sang, elle vit en nourrissant les autres, employée par des familles bourgeoises dans un pays moins pauvre que l’Alsace ; l’époque est rude, la Deuxième Guerre mondiale n’est pas très loin. Andreas est tour à tour employé agricole, chauffeur, homme à tout faire. Ils se marient. La vie est dure dans le canton d’Uri, mais ils entendent dire qu’on embauche du côté de Renens : la gare de triage s’agrandit, fabriques et usines fleurissent dans les anciens prés, une ville qui pousse, au rythme d’un champignon. Alors en route pour l’ouest. En 1950, le 1er août, ils ouvrent une pension pour ouvriers à un jet de pierre de la gare. En 1964, la pension devient le Café-Restaurant du Terminus.
Entretemps, Patrick, l’aîné des quatre enfants d’Odile et Andreas est né, en 1952. Les gènes de la mère prennent le dessus, il devient cuisinier. Apprentissage au Gstaad Palace, puis aux fourneaux chez les plus grands, en Suisse et dans le monde : hôtels Baur au Lac et Dodler à Zürich, Mont Cervin Palace à Zermatt, Hôtel du Monde à Grandvaux, Mirador au Mont Pèlerin, mais aussi les Bermudes, les Grandes Bahamas, les Îles Caïmans, Boston, Orlando, Miami, Les Caraïbes.
Près de trente ans à parcourir le monde, puis retour en Suisse, comme tout bon mercenaire. En 2002, il reprend de ses parents le Café-Restaurant du Terminus à Renens, avec sa femme Mirian, rencontrée à Saint-Domingue. Ils ont quatre garçons, trois d’entre eux travaillent dans la restauration ; les gènes d’Odile ne sautent aucune génération. Leudy, découvre la cuisine dans les jambes de son père, effectue son apprentissage à l’Hôtel du Mont-Blanc à Morges avant de suivre les traces de Patrick dans les Alpes bernoises ; il travaille d’abord au Saanenwald Lodge, puis est engagé comme cuisinier au Gstaad Palace où son père n’a pas laissé de mauvais souvenir…
Le 30 novembre 2014, le Café-Restaurant du Terminus ferme définitivement ; l’Etat de Vaud exproprie les Calvetti, le bâtiment sera rasé pour faire place à un autre terminus, celui du futur tram Lausanne-Renens. Pendant soixante-quatre ans, on sera allé chez Calvett’. Demandez aux anciens de Renens, ils vous en parleront, ou alors cliquez sur les liens suivants.
On va chez Calvett’, http://www.arpenterlouest.ch/2014/08/on-va-chez-calvett/
Pierre Dac chez Calvett’, http://www.arpenterlouest.ch/2014/11/pierre-dac-chez-calvett/
Le mercredi, chez Calvetti, c’était jour de langue, http://www.arpenterlouest.ch/2014/12/le-mercredi-chez-calvetti-cetait-jour-de-langue/
Lorsque les Grivet, tenanciers de La Croix d’Or jusqu’en mars 2017, apprennent que Calvett’ n’a plus de fourneaux, ils lui proposent de reprendre ceux de leur adresse. Ils souhaitent un chef confirmé pour mener encore plus haut la pinte à vin qu’ils ont élevée au rang de restaurant à force de travail acharné.
Orbe donc. Parmi toutes les localités où un membre de la famille a cuisiné, Orbe est la seule que les Calvetti n’ont pas trouvée par eux-mêmes, puisqu’on est venu les chercher. Certes, mais le flair leur a dit qu’ici c’était une bonne ville et qu’ici il y avait une bonne adresse. Au croisement de l’Alsace, du Val Camonica et de Saint-Domingue, il y a une famille, la famille Calvetti, à Orbe, à la Place du Marché 3.
La seconde hypothèse est donc vérifiée, depuis trois générations au moins les Calvetti savent où aller.
Mais quid de la première hypothèse ? Finalement, les Calvetti savent-ils cuisiner ou pas ? Le plus simple serait de vérifier par vous-même, de vous faire votre propre avis, mais n’oubliez pas de réserver, car depuis avril 2017 La Croix d’Or ne désemplit pas…
© Nicolas Noël, géographe, Renens, juin 2018